ROBICHEAUX

Tout simplement paré du nom de son inspecteur fétiche Dave Robicheaux, ce vingt-et-unième volume de la série ressemble à un vin de garde. Se bonifiant au cours des années, on en tourne les pages avec gourmandise. Et pour cause, ce vétéran du Vietnam, dépressif porté sur l’alcool et proie régulière de quelques cauchemars carabinés ramenés d’Asie, balade sa trogne désormais familière dans le delta du Mississipi. C’est devenu un ami de longue date. On connaît ses dérives, ses effrois, son emploi de shérif alternatif et sa discrète intégrité dans un milieu où la corruption se propage comme une maladie contagieuse. Ce dernier épisode concentre tous les éléments qui, au cours des livres précédents avaient construit l’univers mental de ce funambule qui cite Marlowe et Shakespeare au cours de ses parties de pêche solitaire dans les bayous ombragés de Louisiane. Cet introverti incurable est doté d’un alter ego, Clete Purcel, de la même trempe, et, ces deux-là, aussi souvent que possible, se sauvent la mise. Notre homme va diablement en avoir besoin car, cette fois-ci, au lieu de trouver le coupable, il doit prouver qu’il n’est pas responsable d’un crime dont tout l’accuse. Et d’ailleurs pour corser l’affaire, il a tout oublié. Un dossier salé qui donne lieu à une galerie de personnages dont les parcours embrouillés n’ont rien à envier à celui de notre inspecteur. On y trouve un politicard maffieux, un tueur à gages halluciné, un gangster producteur de films, bref des personnages aussi marécageux que les bras tortueux de l’estuaire qu’ils côtoient à longueur d’année. Bon et alors au final ? eh bien bonne nouvelle et comme d’habitude avec Burke, cela s’affine au fil des nouveaux millésimes, l’intrigue policière ne sert que de prétexte. En effet, le livre prend des allures de roman fantastique où l’on voit l’histoire violente du Sud refluer vers le présent. Le roman prend alors des allures fantastiques quand, chapitre après chapitre, les soldats Conférés morts pendant la guerre de Sécession viennent hanter les vivants.

©BR, RDDM, Nov 2019, Robicheaux, James Lee Burke, traduction de l’anglais (Etats-Unis) Christophe Mercier, Rivages/noir / 510 p.

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