Marges, revue semestrielle aime les articles de fond, héritage universitaire oblige, mais n’oublie pas pour autant son lecteur en cours de route. Le dossier ouvert cette fois-ci ne le fera pas bâiller puisqu’il examine une des plus banales accusations que l’on adresse régulièrement à l’art d’aujourd’hui – qui ne serait plus de l’art mais du commerce. Antienne avariée que l’on ne manque pas d’entonner dès que les prix des vedettes contemporaines atteignent des sommets. Lieu commun au demeurant fort ancien puisqu’on l’entendait déjà, en 1926, lit-on, lors de la vente de la Bohémienne endormie, du Douanier Rousseau. Belle opportunité pour les auteurs de cette livraison coordonnée par Jérôme Glicenstein de revenir sur ce cri d’exaspération et d’en interroger les tenants et les aboutissants. Ce qui leur permet aussi de questionner la fonction d’un marché de plus en plus prescripteur qui a considérablement diminué, voire balayé l’importance des intermédiaires habituels représentés par les critiques et les conservateurs. Et pour clore l’année en beauté, le prochain numéro s’intéressera à une autre question non moins lancinante concernant l’opposition des arts dits majeurs et mineurs. Avis donc aux amateurs de nouveautés roboratives.
©BR, RDDM Novembre 2019, MARGES n°28 L’art avec (ou sans) le marché de l’art, PUF / 160 p.
https://journals.openedition.org/marges/, pdf numérique