PIERRE PAULIN, DU SOL AU PLAFOND

P.PAULIN, siège tongue, 1967
Siège « Tongue », 1967

Etonnant designer, Pierre Paulin (1927-2009) aura vraiment tout dessiné : sièges (plus de 200), étagères, dessertes, banquettes, bureaux, stands, luminaires, et cofondé une agence de design industriel (ADSA) tout en veillant à la conception des appartements présidentiels de Georges Pompidou et de François Mitterrand. « Dans mon métier -disait-il- il y a deux écoles, les ingénieurs et les autodidactes, je fais partie de la seconde catégorie. » Une déclaration à ne pas prendre au pied de la lettre car il avait suivi les cours de qui est devenu l’école Camondo et qu’il était à l’affût des dernières technologies susceptibles d’apporter des formes nouvelles à ses multiples propositions. Mais ce qui le caractérise répète t-il, c’est sa faculté de projeter immédiatement ses idées en trois dimensions. Voici comment il explique la naissance du fauteuil Anneau (1954) : « Je prends deux manches à balai, je les appuie contre le mur, et à partir de papier kraft, je réalise un anneau, qui sera en cuir, et le tour était joué ! Il me restait à trouver la structure pour supporter tout cela :
ce furent deux rectangles d’acier plié, reliés par quatre bagues. Ce siège était simple, comme un sac ».

 

Fauteuil F 560 dit Mushroom, 1960
Fauteuil « Mushroom », 1960

Esprit constamment en éveil, il a su aussi bien synthétiser les influences scandinaves d’Alvar Aalto que celles américaines des frères Eames, aimant tout particulièrement chez ces derniers le refus de l’enflure. Ce goût de l’épure l’a accompagné tout au long de sa carrière. Ce qui ne l’empêchait pas de concevoir des variantes à ses différents modèles, la simple banquette de 1953 se métamorphosant 15 ans plus tard en une structure articulée la Déclive capable d’accueillir la position assise ou couchée. Or, ce serait une erreur de confiner Pierre Paulin au seul mobilier car pour lui le meuble s’inscrit d’abord dans l’architecture. Et c’est en architecte qu’il pense l’espace notamment avec ce Tapis-Siège(1980) relevé au quatre angles, sorte d’hybride entre la stabilité du tatami et la mobilité du tapis. Le designer ne se préoccupait pas seulement des assises mais surtout de l’environnement. Et à cet égard, il va traiter les matières et les couleurs dans le cadre d’un design modulaire favorisant un imaginaire oriental de la vie à l’horizontal ; surprenant paradoxe pour celui qui n’a cessé de créer des sièges.

Bertrand RAISON

Pierre Paulin, Centre Pompidou. Jusqu’au 22 août 2016

PalaceCostes N° 63 juillet-août 2016

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