Marcel DUCHAMP (1887-1968), français naturalisé américain, grand joueur d’échecs devant l’éternel, et amateur de calembours, a provoqué avec malice les controverses. Depuis le scandale du Nu descendant l’escalier (1912) son influence sur le monde de l’art aura été déterminante. Adulé par les uns et vilipendé par les autres. Ses Ready made, que l’on pense au Porte-bouteilles (1914) et à l’urinoir (Fontaine, 1917), exposés tels quels, ont défrayé la chronique permettant à ses détracteurs de s’en donner à cœur joie. Attisant leur rancune vis-à-vis de l’art contemporain, Duchamp représente toujours pour eux la figure de l ‘artiste du n’importe quoi. C’est oublier comme le rappelle Georges Didi-Huberman qu’il a du attendre, 1937, pour sa première exposition personnelle et que peu avant sa mort « un seul de ses tableaux avait été acquis par une collection publique européenne ». Mais, c’est surtout ignorer l’extrême discrétion de son travail, sa volonté de regrouper l’ensemble de son œuvre entre les mains d’une poignée de collectionneurs américains. Cohérence soulignée par la boîte-en-valise, sorte de musée portatif reproduisant l’essentiel de sa production et de ses notes. Répondant à cette détermination, le Centre Pompidou invite les visiteurs à découvrir pas à pas la genèse du Grand Verre (1910-1923), ce tableau mythique, mystérieux et inachevé qui a galvanisé des générations d’exégètes. Un parcours en forme d’enquête passionnante qui dévoile un esprit encyclopédique : de Cranach l’Ancien à Odilon Redon en passant par l’impressionnisme, le cubisme, le futurisme et son intérêt pour l’optique et les sciences mécaniques.
B. RAISON
Marcel Duchamp, la peinture même 24 septembre – 5 janvier 2015 Centre Pompidou
Palace Costes N° 54 sep-octobre 2014