GUSTAVE DORÉ, UN ÉCLECTIQUE MAGNIFIQUE

Immanquablement associé à la gravure, on lui doit les fabuleuses illustrations du Gargantua de Rabelais, du Don Quichotte de Cervantes ou des Contes de Perrault,  Gustave Doré (1832-1883) aura passé sa vie  à se faire reconnaître comme un peintre à part entière et non comme un simple illustrateur.

Ses contemporains célébraient certes ce « roi des illustrateurs à la mode » mais ne s’embarrassaient guère de ses tableaux. Le crayon oui, mais pas le pinceau. Un critique venimeux de l’époque cité dans un des articles de Philippe Kaenel, commissaire scientifique de l’exposition d’Orsay, va droit au but « M. Gustave Doré ne se contente pas d’être un crayonneur habile … Il voudrait devenir peintre. Le pourra-t-il jamais ? Oui, peut-être, le jour où il consentira à étudier avant de produire. » G. Doré ne connaîtra pas de son vivant la reconnaissance tant attendue de ses pairs. Le XIXè siècle grisé par son talent d’illustrateur lui aura refusé le podium du peintre qu’il avait toujours rêvé d’être. Serons nous plus cléments ? Sans aucun doute face au déploiement de cette œuvre multiforme qui caracole allègrement de la caricature au dessin en passant par l’aquarelle et la sculpture.

Cet appétit démesuré va de pair avec la précocité de l’enfant prodige qui commença, en autodidacte, sa carrière à l’âge de 11 ans. Dès 16 ans, il publie ses caricatures dans le « Journal pour rire » l’une des multiples publications satiriques qui inondaient alors le marché parisien. Il n’arrêtera plus. Le succès vient à lui mais pas sous la forme qu’il souhaitait, on lui reproche encore et toujours « sa peinture au kilomètre ». Ses livres illustrés par contre se répandent en Allemagne, en Russie et à Londres où, dépité par la frilosité parisienne, il ouvre la « Doré Gallery pour montrer ses toiles. En dépit de ses récriminations, sa renommée internationale dépasse celle d’Ingres ou de Delacroix. Reçu dans les salons du Second Empire, fêté par les dignitaires de la Troisième République, il reste insatisfait et pour notre plus grand bonheur continue gaillardement à se mêler de peinture. Bien sûr ses toiles monumentales versent quelque peu dans un académisme bon teint. Mais, mais regardez ces fabriques londoniennes, ses vues d’Ecosse et  ses paysages, la montagne surtout qui apparaît à mi chemin entre les brumes gothiques et romantiques d’un Gaspard Friedrich.

 

Bertrand RAISON

 

Musée d’Orsay. Gustave Doré, l’imaginaire au pouvoir, 18 février – 11 mai 2014

Palace Costes N°51 Février/Mars 2014

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